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Observations, R.D.C.-T.B.H., 2006/10, p. 1042-1043

SOCIÉTÉS
Vie sociale - Retrait - Justes motifs - Imputabilité au défendeur
Le juste motif en vue du retrait, tel qu'il est fixé à l'article 340 du Code des sociétés, peut consister en un désaccord profond et permanent qui empêche en fait définitivement toute collaboration ultérieure entre associés. Il n'est pas requis qu'il procède d'un comportement fautif: il suffit qu'il soit imputable à l'associé auquel il est demandé de racheter les parts.
SOCIÉTÉS
Vie sociale - Retrait - Prix d'achat des actions - Date de référence - Caractère non-indemnitaire
Les principes du droit commun impliquent que le juge détermine la valeur des titres à transférer au moment où il statue. Il ne résulte ni du Code des sociétés, ni des travaux préparatoires de la loi du 13 avril 1995, que l'exclusion ou le retrait d'un associé pourrait conduire à une évaluation des titres qui tienne compte de l'influence qu'auraient eue les comportements constitutifs de justes motifs sur la valeur des titres.
EXPERTISE
Honoraires de l'expert - Provision - Fixation par le juge
S'il appartient au juge, en vertu de l'article 990 du Code judiciaire, de fixer le montant de la provision d'un expert, il ne peut rendre cette décision exécutoire à la charge d'une partie, à moins que celle-ci ne soit légalement obligée à la consignation de cette provision, conformément à l'alinéa 3 de cet article. D'une manière plus générale, et sous cette seule réserve, le juge ne peut contraindre une partie à consigner une provision. Cette règle se justifie par le caractère exécutoire de la procédure, qui implique qu'il appartient aux parties de diligenter ou non une mesure d'instruction qui a été ordonnée.



VENNOOTSCHAP
Maatschappelijk leven - Uittreding - Gegronde redenen - Toerekenbaarheid aan de verweerder
De gegronde reden met het oog op de uittreding, zoals bepaald in artikel 340 van het Wetboek van Vennootschappen, kan bestaan in een onenigheid die op een definitieve wijze elke verdere samenwerking tussen de vennoten onmogelijk maakt. Het is niet vereist dat de gegronde reden voortvloeit uit een foutieve gedraging: het volstaat dat zij toerekenbaar is aan de vennoot aan wie gevraagd wordt de aandelen terug te kopen.
VENNOOTSCHAP
Maatschappelijk leven - Uittreding - Aankoopprijs van de aandelen - Peildatum - Niet-vergoedend karakter
De beginselen van het gemeen recht brengen met zich mee dat de rechter de waarde van de over te dragen effecten bepaalt op tijdstip van zijn uitspraak. Noch uit het Wetboek van Vennootschappen, noch uit de voorbereidende werken van de wet van 13 april 1995 vloeit voort dat de uitsluiting of de uittreding zou kunnen leiden tot een waardering van de effecten die rekening houdt met de invloed van de gedragingen die de gegronde redenen uitmaken op de waarde van de effecten.
DESKUNDIGENONDERZOEK
Ereloon van de deskundige - Provisie - Bepaling door de rechter
Hoewel het aan de rechter toekomt om, op grond van artikel 990 van het Gerechtelijk Wetboek, het bedrag van de provisie van een deskundige te bepalen, kan hij dergelijke beslissing slechts uitvoerbaar verklaren lastens een partij indien deze wettelijk verplicht is om deze provisie te consigneren, overeenkomstig de derde alinea van dit artikel. Op een meer algemene wijze, en onder dit enkele voorbehoud, kan de rechter een partij niet verplichten om een provisie te consigneren. Deze regel wordt gerechtvaardigd door het uitvoerend karakter van de procedure, dat met zich mee brengt dat het aan de partijen toekomt om een instructiemaatregel die bevolen werd al dan niet te bewerkstelligen.
Arnaud Coibion

1.La doctrine et la jurisprudence sont divisées sur la question de la date de référence à laquelle le juge doit se placer pour déterminer la valeur des actions.

Dans de nombreux cas, en particulier ceux dans lesquels le juge a fixé la valeur des actions sans intervention d'un expert, la date retenue précède celle de l'apparition du conflit [1].

Un arrêt de la Cour de cassation a rappelé que, “dans la décision par laquelle il prononce la reprise forcée, le juge (du fond) détermine le moment auquel la remise et le paiement des effets doivent avoir lieu.” [2]. Cette décision a été interprétée (à tort à notre avis) par certains auteurs comme confirmant le courant précité.

2.Une partie non négligeable de la doctrine et de la jurisprudence estime, étant donné la compétence exclusive du président du tribunal de commerce siégeant comme en référé pour connaître des procédures d'exclusion et de retrait, que le juge doit fixer la valeur des actions au jour où il statue [3].

Les deux décisions de la cour d'appel de Bruxelles publiées dans ce numéro confirment cette tendance.

3.Pour un aperçu des courants doctrinaux et jurisprudentiels et sur cette question, voyez E. Pottier et A. Coibion, “Le règlement des conflits entre actionnaires: l'exclusion et le retrait”, in Droit des sociétés commerciales, Kluwer, 2006, n° 450, à paraître.

4.La doctrine majoritaire estime que le juge dispose, en principe, de la possibilité d'appliquer une décote de minorité ou d'illiquidité lorsqu'il fixe la valeur des titres qui font l'objet d'une action en exclusion ou en retrait [4].

Une doctrine influente a toutefois mis en garde contre une application trop large de la décote, insistant sur le fait qu'il serait inéquitable que, dans l'hypothèse d'un retrait fondé sur un abus de majorité, le prix d'une participation minoritaire soit fixé à un niveau très bas au motif que cette participation ne représente que quelques titres et qu'il n'existe pas de marché pour ces derniers [5].

[1] Voy. notamment Prés. Comm. Tongres 5 novembre 2002, T.R.V. 2004, p. 383; Gand 16 juin 2003, J.D.S.C. 2005, p. 329, note E. Pottier et A. Coibion, T.R.V. 2004, p. 349; Bruxelles 13 juin 2005, DAOR 2005, liv. 76, p. 348, T.R.V. 2006, p. 327.
[2] Cass. (1re ch.) 30 octobre 2003, J.D.S.C. 2005, 337, note E. Pottier et A. Coibion, Pas. 2003, liv. 11, 1741, R.D.C. 2004obs. H. De Wulf, p. 319 , T.R.V. 2004, liv. 4, 344, note F. Jenné.
[3] Prés. Comm. Marche-en-Famenne 17 avril 2000, R.D.C. 2001, p. 758; Prés. Comm. Hasselt 20 octobre 2000, T.R.V. 2001, p. 398, note E. Janssens, J.D.S.C. 2003, note E. Pottier et A. Coibion; Anvers 23 octobre 2000, T.R.V. 2001, p. 388, note E. Janssens; Bruxelles 8 juin 2001, J.L.M.B. 2002, p. 1350 ; Prés. Comm. Louvain 19 juin 2003, T.R.V. 2004, p. 378; Gand 8 novembre 2004, RABG 2005, p. 1589, note K. Vanlaer; Anvers 27 janvier 2005, R.D.C. 2006, p. 438 , note C. Van Santvliet et S. Verschaeve. Voy. particulièrement Bruxelles 13 mai 2004, R.D.C. 2005, p. 412 , et la note A. Coibion, “Du détournement de procédure en matière de retrait forcé - La tentation de donner un caractère indemnitaire à l'article 642 du Code des sociétés”.
[4] Voy. en particulier B. Tilleman et G. Van Solinge, “De uittreding en uitsluiting”, T.P.R. 2000, p. 691; J.-Fr. Goffin et S. Collin, La protection de l'actionnaire minoritaire en droit belge, Bruxelles, Kluwer, 2000, p. 68; J. Van Impe et J. Mertens, “Enkele specifieke aspecten bij de waardering van aandelen in het kader van de geschillenregeling”, in Liber Amicorum Henri Olivier, Bruges, la Charte, 2000, p. 581; F. De Clippele, “De waardebepaling van aandelen ingevolge de gedwongen overdracht en bij inbreng in natura”, R.W. 2000-01, p. 981; E. Pottier et A. Coibion, “Le règlement des conflits entre actionnaires: l'exclusion et le retrait”, in Droit des sociétés commerciales, Kluwer, 2006, n° 440, à paraître.
[5] J.-M. Nelissen Grade, “De geschillenregeling en de uitkoopregeling”, in De nieuwe Vennootschapswetten van 7 en 13 april 1995, Biblo, 1995, p. 360.